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Cameroun : les menuisiers s’exposent au cancer

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alain« La poussière de bois, l’une des plus anciennes et des plus courantes expositions professionnelles dans le monde » présente un risque élevée de cancer du poumon, atteste une étude menée par Jack Siemiatycki, et publiée dans le journal Environmental Healt.

Du carrefour Ndokotti au lieu pk10, une distance d’environ trois kilomètres, l’on compte quatre scieries et une dizaine de menuiseries où, à longueur de journées, des jeunes gens scient du bois, rabotent des planches, poncent des meubles, généralement sans aucune protection.

Cette situation n’est pas exclusive à cette zone. En effet, dans toute la ville de Douala, pour ne citer qu’elle, les scieries et les menuiseries foisonnent et, de manière générale, les personnes qui y travaillent ne disposent même pas d’un masque rudimentaire pour se protéger les narines.

La même situation se retrouve dans les ateliers de fabrication des objets d’art en bois. Ainsi, au Village des arts sis au quartier dit Ndogpassi, les personnes qui polissent avec du papier de verre les masques, et autres objets en bois travaillé, respirent plus qu’à leur tour les poussières de bois qu’elles produisent et celles de leurs collègues, indifférentes à toutes les conséquences possibles. Thomas qui travaillent dans ce secteur de transformation artistique du bois trouve que « le masque étouffe et fatigue vite« . De temps en temps, ces individus ainsi exposés toussent, ou sont enrhumés.

Leur cas est bien plus grave, à en croire Jack Siemiatycki, professeur du Département de médecine sociale et préventive et titulaire de la Chaire de recherche Guzzo-Société de recherche sur le cancer de l’Université de Montréal, parce que la poussière de bois peut causer le cancer du poumon. «Le risque de souffrir d’un cancer du poumon est d’autant plus grand que la durée et l’intensité de l’exposition à la poussière de bois ont été importantes», affirme Jack Siemiatycki dans les résultats de son étude menée en collaboration avec Eric Vallières, Javier Pintos et Marie-Elise Parent auprès de 4369 personnes atteintes d’un cancer et de sujets témoins.

Cette étude qui prend en compte des données datant de 1979 est formelle : le risque de cancer du poumon est de 40 à 70 % plus grand chez les travailleurs les plus exposés. Ce risque augmente avec la durée et l’intensité de l’exposition à la poussière de bois.

« Si on prend tous les gens exposés en ignorant la durée et l’intensité de l’exposition, la différence est faible entre les groupes, indique Jack Siemiatycki. Mais, lorsqu’on isole les sujets fortement exposés, on voit que la prévalence de la maladie est plus élevée. Tous ces individus ont d’ailleurs reçu un diagnostic de cancer du poumon. Cela nous permet d’estimer le risque des gens exposés comparativement à ceux qui ne le sont pas, et cela, en considérant le tabagisme et les autres facteurs susceptibles de causer les cancers.« 

Les professionnels les plus concernés ici sont les menuisiers, les ébénistes, les bûcherons et les travailleurs du milieu de la construction. Souligne cette étude.

Arielle Magoum

Source : « Occupational exposure to wood dust and risk of lung cancer in two population-based case–control studies in Montreal, Canada » (www.ehjournal.net)

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