Au Cameroun, on peut trouver quatre espèces et sous-espèces de grands singes: le gorille des plaines de l’Ouest, le gorille de la rivière Cross, le chimpanzé central et le chimpanzé du Nigeria-Cameroun. Les chercheurs estiment qu’il reste encore de nombreuses choses à découvrir sur ces animaux, et en particulier sur le rôle qu’ils pourraient jouer dans le domaine de la recherche médicale. Malheureusement ces mystères ne seront jamais résolus si ces espèces ne sont pas protégées. ils tendent à disparaître
Le marché florissant de crânes de singe, de viande de la brousse, et le trafic d’animaux vivants sont autant de menaces qui risquent d’éradiquer la population des singes déjà menacée par la destruction des habitats et la fragmentation..

Même si les saisies liées au trafic des grands singes sont importantes, on estime le nombre de saisies par les forces de l’ordre sur le circuit du trafic à seulement 10%. C’est pour cela que beaucoup de défenseurs de l’environnement affirment que le trafic doit être étouffé dans l’oeuf, autrement dit à la source dans la nature et non aux frontières et aux aéroports..
Les crânes et la viande de singe ne sont pas les seules parties du corps vendues sur le marché noir à destination des États-Unis, de l’Europe et d’autres régions du monde. Même les mains sont vendues.
Le système est tellement corrompu que quiconque essaie de contourner les règles du jeu (par manque de moyens financiers et de délits d’initiés des trafiquants) se retrouve mis à l’écart tandis que les criminels les laissent loin derrière.
En octobre, David MacDonald expliquait au journal The Guardian que le nombre de chasseurs a augmenté et que les territoires sauvages ne sont plus si éloignés de la civilisation qu’auparavant à cause de la construction de réseaux routiers. MacDonald est professeur à l’université d’Oxford et membre du groupe international de recherches ayant récemment terminé une étude sur les conséquences au niveau mondial du trafic de la viande de brousse. Cette étude a établi que 301 espèces de mammifères à travers le monde sont menacées par le commerce illégal.
Dans le domaine de la vente, on peut désormais marchander tout et n’importe quoi, » a déclaré MacDonald. « Dans certains pays comme le Cameroun, où j’ai travaillé, on peut voir très tôt le matin des flottilles qui se rendent dans des zones très éloignées pour charger les prises avant de retourner dans les villes. »

Au Cameroun, le trafic des crânes de singes est considéré comme une menace honteuse et “spécialisée”. Que ce soit pour la médecine traditionnelle ou tout simplement pour orner une cheminée comme un trophée, le commerce de crânes est aujourd’hui une menace très grave pour la survie des singes en Afrique. De nos jours, ce trafic est devenu tellement avantageux que les risques à prendre pour dissimuler le gibier deviennent insignifiants; les singes sont désormais décapités et les corps abandonnés dans la forêt.
L’ONG a dénombré la saisie de 89 crânes de singes en 2015. En octobre 2016, on comptait 63 saisies de crânes (45 de chimpanzés et 18 de gorilles) supplémentaires. Il faut dire que « nous ignorons quels secrets les chimpanzés peuvent bien receler… Il se pourrait qu’ils détiennent des informations essentielles pour lutter contre la pandémie du Sida à l’échelle mondiale, » affirme Gonder.
Mais si on ne met pas un frein à la chasse et si on n’assure pas la protection de l’habitat des chimpanzés, les grands singes pourraient bien avoir entièrement disparu dans les cinquante prochaines années. Et lorsque cela arrivera, les secrets qui pourraient faire avancer la médecine auront disparu avec eux.
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