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Cameroun : les filles –mères victimes d’exclusion sociale

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ajafe call boxEnfants pour la plupart, elles deviennent précocement des parents. Intrusion dans le quotidien de ces jeunes qui, entre frustrations et stigmatisations diverses, tirent le diable par la queue.

Ce n’est un secret pour personne. Le phénomène des filles-mères est devenu banale au Cameroun, atteignant même des proportions effarantes dans l’arrière –pays. La région de l’Ouest ne déroge pas à la règle. Que ce soit dans le département de la Mifi, les Bamboutos, ou encore dans le Haut-Nkam, l’on en dénombre des milliers.

Les statistiques de l’Unicef dans sa publication intitulée « L’adolescence : une étape capitale ».en 2002, révélaient d’ailleurs qu’un enfant sur dix nait d’une mère adolescente. De l’avis des observateurs, l’extrême pauvreté et la paupérisation des couches sociales seraient parmi les principales causes de ce phénomène. Facteurs qui justifient que les filles ne soient pas toujours prises en charge pour étudier, se nourrir, se vêtir, doit être à la page comme la majorité de leurs sœurs qui se pavanent à longueur de journée. « Je suis tombée enceinte parce que je n’avais rien à faire. Il n’ya pas de travail, pas d’occupations, je passe mes journées à la maison sans rien faire. J ‘avais un petit ami, le père de mon enfant. Quand je suis tombée enceinte, il a pris la fuite », laisse entendre Huguette Tchoua.

Abandonnées  par les séducteurs, rejetées par leurs parents, ces adolescentes souvent âgées de  moins de quinze ans ne peuvent pas assumer l’éducation de leurs enfants qui se retrouvent dans la rue parfois dès l’âge de trois ans. Quid de leur statut social déplorable pour avoir contracté des grossesses précoces.

Elles vivent cette expérience avec des fortunes diverses. Certaines sont marquées de séquelles psychologiques pour avoir déshonoré leurs familles : « dans notre environnement culturel, quand tu accouches très jeune, tu as raté ta vie et deviens un paria social. Il t’est à la limite difficile de trouver un mari » s’indigne Alphonsine Ayimélé, mère d’un enfant de 4 ans. Ce n’est pas la société qui les voit d’un bon œil quand on sait toute la peine que celles-ci éprouvent pour trouver du travail ; la plupart des chefs d’entreprises leur préférant les filles sans enfants à charge.

Les petits métiers comme porte de sortie

Malgré le fait que la venue accidentelle d’un enfant bouscule toujours la vie de la jeune maman, certains filles-mères réussissent à trouver des moyens alternatifs pour transformer à leur avantage ce qui était jusque là leur handicap. Déjà mère d’un enfant à 14 ans, B.Gwendoline qui réside à Lafe-Baleng, se confie : « je suis consciente que j’ai déçu mes parents en attrapant une grossesse alors qu’il ne me restait que deux années pour terminer mes études secondaires. Mais j ai réussi à obtenir de quelques mécènes un capital, qui m’a permis d’ouvrir un salon de coiffure afin d’éviter à mon fils de se retrouver dans la rue à manger dans les poubelles, mendier de l’argent aux touristes et dormir dans les cartons » Grace N. n’a pas eu la même veine, et se contente de faire du call-box et de vendre des amuse-gueules pour joindre les deux bouts.

Pour juguler ce phénomène, il convient de faire de l’éducation sexuelle un axe d’échanges entre parents et enfants ; expliquer à ces derniers à quoi ils s’en posent devant les sollicitations qui les exposent à des grossesses précoces et non désirées.

Gibrile KENFACK TSABDO

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