Capsides, myrides ont envahi les plantations de cacao dans les régions du Littoral, du Sud-ouest. Les pluies ont aussi accéléré la pourriture des cabosses.
« C’est grave, cette année 2013. Les parasites ont refait surface. Ils ont fait pourrir de nombreuses cabosses. Je ne sais même pas si je vais réussir à récolter ne serait-ce que 500 kg sur mes trois hectares de cacao », s’inquiète Justin Nditchou, planteur de cacao à Mbanga. Très actif dans la production cacaoyère dans cette bourgade située à 60 km de Douala, le jeune producteur de cacao explique que les maladies ont refait surface à la faveur de la saison de pluies. « Il a plu pendant 28 jours en juillet. Et les capsides et myrides ont attaqué les plants de cacaoyer » fait-il savoir.
En plus des parasites qui ont refait surface ; les planteurs de la région du Littoral, tout comme ceux du Sud-ouest, dénoncent l’impact de la forte pluviométrie. « Trop de cabosses ont pourri. Quand il pleut beaucoup, vous ne pouvez pas traiter les plants. Car, la pluie qui tombe abondamment lessive complètement les cabosses après la pulvérisation des produits phytosanitaires », ajoute Justin Nditchou.
Habitant du quartier 2 à Mbanga, Henri T. souligne que les conséquences commencent à se faire ressentir. « Quand l’année est bonne, je réussis à produire 2600 kg (2,6tonnes) de cacao. Mais pour la campagne 2012-2013, je n’ai pu produire que 1200 kg (1,2 tonnes) de fèves de cacao » souligne-t-il. Hormis les cabosses de cacao qui ont souffert des affres du climat et des parasites, les planteurs évoquent le cas de la production de maïs, des mangues, des prunes. « La production a été très mauvaise » précise ce dernier.
La résurgence des maladies n’aurait, apprend-t-on, pas bénéficié de l’attention des cadres du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), pour ce qui est de la ville de Mbanga. « Nous les voyons même ? Je me demande pourquoi l’Etat paie ces ingénieurs agronomes » rumine Gilbert K, planteur de cacao.
Joint au téléphone, Yves Abissi, le chargé de la communication du conseil interprofessionnel du Cacao-café(CICC) explique qu’ « on a enregistré une production de 196 000 tonnes de cacao lors de la dernière campagne à cause des parasites qui ont resurgi. Lesquelles, en partie, reviennent à cause des changements climatiques. C’est pourquoi le programme de protection du verger cacao-café (PPVCC) a été mis en place ».
De 207 000tonnes en 2011-2012 à 196.000 tonnes en 2012-2013, il est aisé de se rendre compte de ce que la production de cacao a baissé de 11 000 tonnes. Mais selon Jean Christin Téné, le directeur général d’Agromaf, une entreprise spécialisée dans la protection des cultures, les changements climatiques ne sauraient être les seules raisons de cette baisse. Il explique : « c’est vrai qu’il ya un réel problème de changements climatiques. Mais, il faut surtout noter que cela est dû au fait que les planteurs refusent aussi d’observer les règles d’usage des produits phytosanitaires. »
Bien plus, « les producteurs ont l’habitude de recourir aux produits phytosanitaires de qualité douteuse. Ces produits sont souvent issus de la contrebande et sont vendus à des prix très bas. Il y a beaucoup de mélange que font certains contrefacteurs. Ce qui est dommage, ce que beaucoup de producteurs y font recours» constate le responsable d’Agromaf.
Joseph Roland Djotié