Le département du Logone et Chari est à la porte du désert. Malgré cette réalité, source réelle d’inquiétude pour les pouvoirs publics et les populations en raison des conséquences bien connues du changement climatique, des petits malins ne semblent guère s’émouvoir de la destruction à grande échelle du couvert végétal de la région. Les populations de Logone et Chari touchées par ce trafic pointent un doigt accusateur sur les responsables des Forêts et de la Faune
Les bûcherons qui ont pris goût à cette activité ne cessent de faire preuve d’ingéniosité pour fructifier leurs affaires. Alors qu’ils se contentaient jusqu’à un passé récent de détruire les arbres morts qui servent de bois de chauffe, ils s’attaquent désormais aux arbres vivants. Leur espèce de prédilection est l’acacia utilisé pour la fabrication du charbon dont la commercialisation génère d’énormes bénéfices.
Les chiffres recueillis à la délégation départementale des Forêts et dela Faunedu Logone et Chari, témoignent à suffisance de l’ampleur des dégâts. Plus de 400 sacs de charbon ont été saisis par les agents forestiers en quelques semaines seulement. Les contrevenants sont soumis, après procès –verbaux, à un payement d’une amande. Mais la faiblesse des amendes infligées aux contrevenants ne semble pas les inquiéter outre mesure puisque l’activité continue de plus belle.
Au palmarès, l’arrondissement de Logone Birni détient la palme d’or de la destruction des forêts. Les foyers de cette destruction des forêts se trouvent entre autres à Elbirke, Madaf, Bourgouma et Kouliya. Des dizaines d’arbres vivants sont ainsi abattus au quotidien dans ces localités par des jeunes qui ont tourné le dos aux petits métiers, car l’activité nourrit bien son homme.
Industrie du charbon
Sur le site de production, le sac du charbon coûte8000 Fcfa . Lorsque ce même sac parvient à Kousseri, son tarif double : entre16 000 f cfa et17000 fcfa .
Des véhicules et des motos assurent le transport de ces marchandises entre l’arrondissement de Logone Birni et le centre de Kousseri, au nez et à la barbe des agents des eaux et forêts, pourtant en fraction dans tous les points stratégiques par lesquels passent les trafiquants de charbon.
Interrogé sur cette activité qui va grandissante malgré leur présence sur le terrain, le délégué départemental des Forêts et de la faune est formel : « la situation est assez grave. Le phénomène a évolué ces dernières années du fait que les braconniers de se sont tournés maintenant vers la fabrication du charbon. Mais nous ne baissons pas les bras. Nous sommes permanemment su r le terrain, même si nos moyens ne sont pas à la hauteur de la gravité du mal. Tous nos mouvements sont suivis par les complices des braconniers au départ de leur convoi, » affirme le délégué départemental dela Forêts et Faune du Logone et Chari, Pascal Zoulla.
L’interdiction de la coupe de bois au Tchad voisin a également donné un coup d’accélérateur à cette activité dans le Logone et Chari. Ainsi, des centaines de sacs de charbon entrent dans ce pays où ils sont vendus à prix d’or.
Les populations de Logone et Chari touchées par ce trafic qui met à mal le couvert végétal de leur région pointent un doigt accusateur sur les responsables des Forêts et de la Faune.« Nous sommes totalement dépassés par la coupe arnachique des arbres. Nous avons mis sur pied un comité de vigilance pour faire peur aux braconniers et transporteurs de charbon. Mais les braconniers sont armés de couteaux, des flèches, des lances et des gourdins, et sont prêts à tuer ceux qui se mettent en travers de leur chemin », affirme Hassana Abba kaka.
Jean Areguema