« Le sang est pour l’être vivant ce que le carburant est pour le véhicule. C’est à dire ce sans quoi la vie est impossible », Serge Désiré Takou, président de l’association des hémophiles du Cameroun, sait de quoi il parle.
Né il y a 35 ans avec une tare génétique de la coagulation, « j ai eu la vie sauve grâce à de multiples transfusions sanguines, dont plus d’une trentaine lors de mes 10 premières années de vie ». Pathologie héréditaire, l’hémophilie est transmise par les parents à leurs enfants. Elle touche un enfant sur 10000 naissances vivantes. Tenant compte de ce ratio, le Cameroun compterait environ 2000 hémophiles. Lesquels ont besoin de sang pour survivre.
Aces personnes s’ajoutent d’après Dr Jean Audrey de Jésus Ndongo, les victimes de pathologies variées comme : le paludisme grave ; les traumatismes ; les hémorragies de la délivrance (maternité), les cancers ; les maladies héréditaires (drépanocytaires, troubles primaires de l’hémostase..) ; les interventions chirurgicales hémorragiques (traumatologie, Orl, Gynéco-obstétrique..).
Toujours selon ce médecin, « la forte prévalence de la carence martiale dans les groupes les plus vulnérables (femmes enceintes (15%) et enfants de moins de 5 ans (20%) en fait une tranche très à risque d’anémie sévère et donc demandeur de transfusion sanguine ».
Seulement, en matière de disponibilité de poche de sang dans les formations sanitaires, l’offre n’arrive pas à combler la demande. Ainsi au Cameroun, les besoins actuels sont estimés à environ 460 000 poches de sang par an. Et le don de sang repose à près de 90 % sur les donneurs familiaux de remplacement et à peine 10 % sont des donneurs volontaires bénévoles réguliers non rémunérés. Pourtant, selon la norme Oms, les besoins en sang d’un pays peuvent être satisfaits dès lors que 1 à 3% de la population est donneur volontaire bénévole régulier et non rémunéré. Au Centre Mère et enfant de la fondation Chantal Biya affirme-t-il, l’anémie est souvent responsable de la majorité des décès en urgence hospitalière pédiatrique (69% environ).
Au rang des difficultés et accidents liés à la transfusion sanguine les praticiens citent entre autres : insuffisances du greffon ; indications inappropriées ; problèmes d’accessibilité (cher pour beaucoup et souvent indisponibles en contexte d’urgence ni de couverture sociale) ; des poches parfois mal préparées (excès ou insuffisance d’anticoagulant) ;obstacles idéologiques ou culturels ; frais de transfusion sanguine variable selon les formations sanitaires (8000 à 25000 cfa et parfois plus, ect…
Afin d’obtenir une meilleure adhésion de tous les intervenants aux activités de transfusion sanguine et accroître l’approvisionnement en sang par les donneurs volontaires bénévoles non rémunérés et réguliers, le ministre de la santé, André Mama Fouda a pour ainsi lancé le plaidoyer pour la «souténabilité du programme national de transfusion sanguine (Pnts) ». C’était le mercredi 05 février 2014 à Yaoundé. L ‘objectif étant de donner plus de visibilité à ce secteur gangréné par un affairisme source de nombreux désagréments
Nadège Christelle BOWA