Une étude intitulée «L’air au Cameroun : Quels mécanismes juridiques et mesures politiques pour une gestion durable ?», démontre l’impuissance du Cameroun à mettre sur pied une véritable politique de gestion de la pollution de l’air. Cette étude vient confirmer le rapport de l’Oms qui affirme que le Cameroun fait partie des Pays dont l’air de l’intérieur des habitations est de plus pollué.
Cette étude révèle qu’une maison est soumise à la règle des quatre angles d’observation pour pouvoir répondre aux normes de la Haute qualité Environnementale (HQE) : A savoir, le Confort, la Santé, l’Eco-construction et l’Eco-gestion. Mais que la loi sur l’urbanisme au Cameroun ne consacre pas avec force ces normes.
L’étude fait aussi savoir qu’il est bien difficile que la qualité de l’air intérieur soit une préoccupation des populations. La raison avancée est qu’au Cameroun, le PIB est en deçà de deux dollars. Et que pour des raisons de pudeur et d’intimité familiale, dans les quartiers populaires, quartiers majoritaires, l’on est obligé de fermer permanemment les fenêtres, voir même les portes tout au long de la journée. Dans ces conditions, l’air de l’intérieur ne peut plus se renouveler et se purifier.
Ce travail de mémoire remarque par ailleurs que le phénomène de promiscuité n’est pas exclusivement observable dans les taudis. Même chez quelques nantis, une chambre prévue pour un lit en contient parfois jusqu’à deux lits à étage. C’est-à-dire quatre lits sur lesquels dorment deux ou trois personnes au nombre desquelles il faut ajouter leurs effets personnels. Ceci diminue l’espace de respiration et la qualité de l’air de l’intérieur de la pièce.
Les habitations ne sont pas les seuls endroits visés par l’étude. Dans les lieux de travail, la situation n’est guère satisfaisante. L’air de l’intérieur des usines, confirme l’étude, est rarement propre à la consommation et les mesures de prévention de la pollution sont vendues au marché du terrible chômage : « celui qui ne veut pas travailler dans ces conditions qu’il s’en aille, il y’a plein de demandes d’emploi ». Beaucoup d’employeurs estiment que, si on leur demande de s’isoler des agglomérations, c’est pour pouvoir polluer l’air à leur guise. Dans ce secteur, l’aspect financier prime sur contrôle de l’hygiène et de la salubrité, et souvent la quittance d’inspection est établie sans que l’inspection proprement dite soit faite.
Athanase NSANZIMANA, le responsable de l’étude observe que « le problème d’insalubrité ne concerne pas seulement des usines. Beaucoup de bureaux, des écoles et des églises sont aussi mal ou non aérés. N’en parlons pas pour les véhicules de transport commun et les maisons de détention où l’on dirait que l’air pur est interdit ».
La fin de cette pollution n’est pas pour demain. La pauvreté reste galopante. Le tissu industriel camerounais est mièvre. La permissivité écologique reste la règle. A preuve, hormis quelques arrêtés municipaux, l’on remarque que l’air de l’intérieur apparaît rarement dans les politiques nationales. Il est simplement laissé aux bons soins des Municipalités qui, faute d’expérience et de moyens scientifiques, technologiques et économiques adéquats, se contentent de l’incorporer dans leurs politiques générales de l’hygiène et la salubrité, ignorant qu’en effet la protection de l’air intérieur revendique plus que ces dispositions communales très générales et ordinaires.
Arielle magoum