L’entreprise chargée de la construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele a coupé sans autorisation du bois. Le ministère des Forêts l’a rappelée à l’ordre et promet de vendre ce bois aux enchères. Comme le recommande la règlementation forestière.
Philip Ngole Ngwese, ministre des Forêts et de la Faune, est sorti de ses gonds, en août 2013, au cours d’une séance de travail avec Sino-hydro, la société chinoise adjudicataire du projet de construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele dans le département de la Vallée du Ntem, région du Sud. Visitant le chantier, le ministre a découvert une importante quantité de bois coupée et entreposée sur le site. Aucune information sur les essences, ni les quantités n’a pu être fournie par les responsables de l’entreprise chinoise.
«J’ai été désagréablement surpris»,, s’indigne Samson Ndongo Ella, maire de la commune de Ma’an, municipalité abritant le projet. « Si la réglementation forestière en matière d’abattage était respectée, la commune y trouverait son compte», fait-il remarquer.
Les Chinois ont reconnu les faits. Lan Ronghe, directeur général de Sino-hydro a fait son mea culpa. Il a promis aux autorités camerounaises de « reboiser le site au terme des travaux, et de se conformer dorénavant à la réglementation». Philip Ngole Ngwese lui a rappelé que « la loi prévoit qu’en matière de mise en œuvre d’un projet de cette envergure, qu’il soit procédé au préalable, à des coupes de sauvetage ». En regrettant que « depuis que la construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele a commencé, le Ministère des forêts n’ait pas eu l’occasion de lancer ces coupes».
Organiser des ventes aux enchères
« Nous avons convenu avec la société chinoise d’organiser dans les jours à venir, des coupes de sauvetage, qui vont concerner les bois situés sur l’emprise du barrage », indique le ministre des Forêts « Un certain nombre de bois ayant une valeur, nous avons convenu avec la société Sino-hydro, de les sortir du site de manière à nous permettre d’organiser des ventes aux enchères », complète-t-il.
Responsable de projet au Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), Patrice Kamkuimo-Piam salue le rappel à l’ordre du Ministre. Il déplore aussi le « manque d’information préalable de Syno-hydro qui a sans doute conduit la société chinoise à procéder par elle-même à l’abattage du bois alors que nul n’est censé ignorer la loi ».
La loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 prévoit qu’ « en cas de réalisation d’un projet de développement susceptible de causer la destruction d’une partie du domaine forestier national, ou en cas de désastre naturel aux conséquences semblables, l’administration procède à une coupe des bois concernés suivant des modalités fixées par décret ». Une étude d’impact doit être réalisée préalablement par le demandeur et obéir, toujours selon cette loi à, « des normes fixées par l’Administration, pour assurer la conservation, le développement ou, le cas échéant, la récupération des ressources naturelles ». Les produits coupés au mépris de la loi sont vendus soit en régie, soit aux enchères publiques.
Jérôme Essian (JADE)
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