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Cameroun : ces laits de beauté qui provoquent des cancers

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depigmentationLes laits de beauté sont, sans doute, au nombre des produits qui génèrent de plus en plus de bénéfices au Cameroun. Mais, ils font l’objet d’une contrefaçon sauvage, trop souvent du fait des individus n’ayant aucune expertise en manipulation chimique. Ce qui entraîne chez la population camerounaise, des graves problèmes de santé.Les boutiques des produits cosmétiques poussent comme des champignons au Cameroun. Chacun y va de son poids financier.  Certains installent leurs marchandises sur un porte-tout ouvert à toutes les intempéries. D’autres par contre, plus riches, s’installent dans un espace protégé. Outre ces deux catégories, il existe des vendeurs qui n’ont pour seul comptoir que leurs mains. Ils déambulent dans la ville à longueur de journée ; proposant  sans aucune protection leurs produits. Chacun y trouve son compte.

Il ressort de notre enquête journalistique et des rapports de l’Association nationale des promoteurs des produits cosmétiques (Anaproc) que la moitié des produits cosmétiques sur le marché camerounais émane de la contrefaçon.

Certains produits cosmétiques présents sur le marché camerounais arrivent par le Nigeria en provenance d’Allemagne, des Etats-Unis, de l’Italie, de l’Espagne et même de la Côte d’Ivoire.

Faussaires impénitents, les nigérians font des copies plus ou moins approximatives de ces produits pour le marché camerounais. Elles sont ensuite acheminées par voies terrestres jusqu’à Bamenda, ou alors par voies maritimes jusqu’à Kumba, villes anglophones du Cameroun. Sur ces deux grands marchés, des produits d’origine et leurs doublures reçoivent des noms de code « first one » (premier choix) et « second one » (deuxième choix). Et bien évidemment, ces deux catégories ont des prix différents. Les grossistes en provenance d’autres villes ont alors le choix entre l’original au prix fort et le faux à moitié prix. Les grossistes, obnubilés par le lucre,  préfèrent des copies.

Techniques de contrefaçon

Au Cameroun, principalement à Douala, d’autres produits cosmétiques font l’objet d’une contrefaçon rudimentaire et calamiteuse… Leurs modes opératoires sont curieusement variées. Pour les parfums, on extrait à l’aide d’une seringue, les 9/10 du contenu d’un flacon, puis on ajoute au reste de l’Eau de Cologne et de l’eau pure. Ainsi avec un flacon qui coûte 15.000 FCFA, on en fabrique dix qui seront vendus à 10.000 FCFa l’unité.

Pour les laits de beauté, on y ajoute une mixture faite de jaune d’œuf et de l’eau de javel pour garantir la qualité décapante du produit. Ainsi, avec un flacon de lait de beauté « Toi et Moi » de fabrication locale qui coûte 1.500 Fcfa, on en fabrique cinq de marque étrangère à l’instar de « Klorane » qui coûte deux ou trois fois plus cher.

Les commerçants ambulants sont encore peu scrupuleux et très agressifs dans leur façon de contrefaire. Au fond du contenant, ils déposent la plupart du temps, la bouillie (empois d’amidon) de maïs, ou encore de manioc au ¾. Ainsi, le vrai produit n’occupe que le quart restant. A l’achat, le consommateur est convaincu par le fragrance du lait en surface. Mais, après une semaine d’utilisation, la tricherie vous crève à l’œil.

La liste des méthodes n’est pas exhaustive ; on peut aussi citer celle qui consiste à tremper un morceau de savon de ménage dans l’eau jusqu’à ce qu’il ramollisse. Ensuite, tourner la pâte obtenue dans le même sens, en y ajoutant de l’huile de table et de l’hydroquinone jusqu’à ce que la pâte prenne comme une mayonnaise. Il ne reste plus qu’à remplir les flacons de  » Nivéa « , de  » Laino « … récupérés des poubelles, en y ajoutant au dessus, une petite quantité du produit d’origine et le tour est joué.

Les conséquences

Le plus grand dommage de ces pratiques se ressent sur la santé des populations. En effet, la manipulation incontrôlée de la soude caustique dans la fabrication du savon entraîne des complications sur la peau. C’est pourquoi, certaines femmes, croyant avoir acheté un produit cosmétique pour hydrater leur peau, se retrouvent avec des boutons ou l’eczéma, sinon réussissent plutôt à se décaper gauchement le visage. D’autre part, la multiplication des peaux recouvertes de dartre, de boutons est fréquente chez les utilisateurs de ces produits contrefaits. Le plus grave est sans aucun doute l’apparition des cancers.

Les autorités administratives ne semblent pas s’en offusquer outre mesure, elles s’approvisionnent dans les rayons des grandes surfaces commerciales de la ville ou dans les pharmacies, rares endroits où l’on a encore quelque chance de trouver des produits non frelatés.

 

Bernard mawo

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  1. kamofin afrika dit

    cher Bernard,
    Merci pour cet article, qui pose un vrai problème de notre société.Nous n’en mesurons pas les conséquences aujourd’hui, demain ce sera un désastre pour nos enfants.
    j’ai aimé es photos qui illustrent bien cet article.

    Toutes les amitiés depuis M’Byo

  2. Albertine ATANGANA dit

    Très édifiant cet article.Mais il me vient à l’esprit de demander quel est le rôle de l ‘ANOR(agence des normes et de la qualité )du cameroun qui devrait s assurer de la qualité des produits qui sont commercialisés chez nous et qui tuent à petit feu femmes et enfants.

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