
Un adage bien africain renseigne que «un poussin destiné à devenir un coq, on le reconnait dès ses premiers pas». Aussi, lorsqu’on voit les premiers pas de la Cameroon water corporation (Camwater)dans l’accomplissement des missions de la défunte Cde, on comprend tout de suite que la fin de la soif au Cameroun n’est pas pour demain.
Le contrat d’affermage qui liait la Camerounaise des eaux (Cde) à la Camwater a pris fin, le 30 avril 2018. En effet, par le décret n° 2018/144 du 20 février 2018, le chef de l’Etat a modifié l’objet social de la Camwater, en lui assignant désormais, en plus de ses prérogatives de société de patrimoine, celles de gestion du service public de l’eau potable. Un service qui a été assuré sans succès pendant dix ans par la Camerounaise des eaux (Cde).
La tragédie des nouveaux clients
Le fait est que les prestations de Cde ont désillusionné les populations qui n’en finissaient pas de se plaindre. A titre d’illustration, durant le magistère de la Cde, les branchements étaient exécutés avec manque de professionnalisme et de conscience, ruinant tous les espoirs de clients qui ne savaient plus à quel saint se vouer. La Cde se caractérisait aussi par l’inconstance de ses stocks de matériels de branchement. Autant de choses qui font qu’au moment de sa cessation d’activité, elle laisse à la Camwater un passif de dix mille branchements déjà payés par les usagers, mais non effectués.
Plus de neuf mois après avoir congédié son fermier (Cde), Camwater ne parvient pas à donner le moindre soupçon de satisfaction à sa clientèle. Les problèmes restent les mêmes, les mauvaises réponses n’ont pas changé.La Camwater ne semble pas avoir ni les ressources suffisantes, ni la volonté nécessaire pour éponger le passif de la Cde et effectuer ses propres branchements qu’elle enregistre, au quotidien, à un rythme soutenu. A l’agence Camwater de Bassa (Ndokotti), pour ne citer que ce cas, lorsque vous avez payé les frais de branchements, et que vous demandez quand est-ce que le branchement sera effectué, on vous répond invariablement : «on va vous appeler». Et certains attendent déjà depuis près de huit mois, sans aucun espoir d’avoir de l’eau, sans aucun espoir d’être remboursés. Surtout que, lorsque quelques fois vous passez à Camwater pour leur rappeler que vous n’êtes pas toujours branchés, on vous répond qu’il n’y a pas de matériel. A chaque fois.
À ce rythme, les statistiques qui affirment qu’au Cameroun, à peine 40% de la population ont accès à l’eau potable, semblent trop optimistes.
La facturation abusive
L’essentiel des réclamations dans les guichets de Camwater concerne la facturation fantaisiste. Les clients se plaignent à longueur des semaines des factures exorbitantes qui n’ont rien de commun avec les consommations des concernés. Des montants des factures qui passent allègrement du simple au quadruple alors que la consommation n’a pas augmentée. Ce d’autant plus que les coupures d’eau ont été plus fréquentes et plus longues dans la période facturée. Alors que les clients accusent les compteurs défectueux ou la fainéantise des agents releveurs qui ne font pas leur travail et inventent des indices fantaisistes, à Camwater on ne veut rien entendre ; vous payez ou on vous suspend et avec des pénalités en prime.
Depuis, le service réclamations des agences Camwater ne désemplit pas. Le top management de cette entreprise parapublique ne parvient pas à regagner la confiance de ses clients.
Le règne de la médiocrité
