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Cameroun-Adamaoua : la moitie de la population n’utilise pas les toilettes

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ajafe-fécaleA l’origine de plusieurs maladies, le phénomène de défécation à l’air libre est très répandu dans le grand-nord du Cameroun. L’urbanisme archaïque  et les habitudes de nomadisme  y ont la peau dure.

Le sujet reste tabou dans plusieurs localités parce que touchant à l’intimité de l’homme. Mais l’actualité fait de la défécation à l’air libre une problématique qui mérite davantage l’attention tant, ses conséquences sont préoccupantes. Elles sont d’autant plus alarmantes qu’un des endroits où elle gagne en intensité est l’école, connue pour abriter les enfants pas toujours portés sur l’hygiène. «  Bien que certaines écoles n’ont pas de toilettes, la plus part en sont pourvues. Mais le réel problème à mon sens reste l’entretien qui n’est pas du tout aisé car les toilettes n’ont généralement pas d’eau, et quand on a une seule latrine pour 500 enfants ; imaginez la suite » explique Akamba, enseignante à N’gaoundéré.

Face à l’absence des toilettes ou à leur mauvais entretien, les élèves font recours aux alentours de l’école pour se soulager au mépris de toute règle d’hygiène. Les lieux publics et notamment les marchés ne sont pas épargnés par le phénomène ». «  J’arrive à mon comptoir touss les jours à 7 h pour ne rentrer que vers 17 heures, et figurez –vous qu’il n’y a pas de toilettes. Nous sommes donc obligés de nous rendre à la rivière d’à coté pour nous soulager » confie Aboubakar, vendeur de vivres au marché de Bantai.

Dans le même registre, les alentours de la place de fêtes, de certains lieux de culte, des bars et même certains hôpitaux et administrations se sont transformés en de véritables dépotoirs des excréments humains. « Je pense sincèrement qu’il y a des gens qui n’ont pas des toilettes chez eux, car lors de l’enlèvement des ordures, nous trouverons toujours de la matière fécales emballée dans des sacs plastiques » révèle un employé de la société Hysacam.

Loin de se limiter à la seule zone urbaine, le phénomène touche les zones rurales où le nomadisme et l’ignorance de la population les amènent à déféquer dans la broussaille. Et pourtant les excréments déposés en surface ont des conséquences fâcheuses sur le plan sanitaire. Mme Toumbaye Tiye, le point focal WASH dans la région de l’Adamaoua  reconnait que «  le péril fécal est à l’origine des nombreuses maladies dans région. Notamment les amibiases, le choléra, la fièvre typhoïde, les ankylostomiases, le ténia, la schistosomiase, le Mansoni, les diarrhées ».

A cet effet, cette situation nécessite des mesures sanitaires supplémentaires pour appuyer celles déjà mises en œuvre. « Il faut faire intervenir toutes les ressources, former les personnels du génie sanitaire pour accompagner les communautés dans la réalisation et utilisation des latrines, enseigner l’hygiène et assainissement dans le milieu scolaire, encourager les Communes à sensibiliser leurs communautés, et produire des émissions axées sur la promotion de l hygiène et de lutte contre la défécation à l’air libre » suggère le Dr Hamadicko Harouna, Délégué Régional de la santé publique de l’Adamaoua.

Jean Claude NAPANI

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