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Cameroun : la corruption gangrène l’exploitation forestière

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Les communautés riveraines spoliées de leurs ressources plongent dans une extrême pauvreté.Les actes de corruption sont constamment décriés par des communautés villageoises riveraines des forêts exploitées. Ils vont des complicités à la confiscation de l’argent versé par les opérateurs. A Messamena, département du Haut-Nyong, région de l’Est, où se trouve l’unité forestière d’aménagement (Ufa 10-048) comme à Minta, département de la Haute Sanaga, région du Centre, dans la vente de coupe (Vc 0801236), la forêt se vide. Mais les populations ne voient pas les retombées. « Nous sommes convaincus que l’exploitant forestier ne peut pas couper le bois et le transporter sans reverser de l’argent », débite un habitant de Medjoh, dans l’arrondissement de Messamena. Celui-ci ne semble pas si bien le dire. « Les populations doivent s’adresser à leur maire. Je paie régulièrement la redevance forestière depuis 5 ans à concurrence de 147 millions de francs cfa l’an », confiera le directeur général de la Société forestière du Haut-Nyong (Sofohny). Celle qui exploite l’Ufa 10-048.

Ce responsable joint au téléphone va déplorer cette attitude des élus municipaux. Lui qui n’est pas à la première situation du genre. Car, dans ce même département, il a apporté les mêmes éclairages concernant la commune de Lomié. Approché, le maire Gérard Lomié s’était justifié en disant que : « Nous avons sélectionné une entreprise pour la construction des hangars. C’est une question de procédure que les populations ne comprennent pas. Si l’entrepreneur ne s’exécute pas, nous allons choisir un autre et je promets que dans deux mois les hangars seront disponibles.» Six mois après, rien n’a évolué.

100 milliards perdus chaque année

La corruption semble avoir été érigée en règle universelle dans le secteur forestier. « 20% seulement des impôts versés par les compagnies forestières aux communes sont investis dans le développement local.» C’est ce que révèle une étude du Centre de recherche et d’action pour le développement durable en Afrique centrale. Plusieurs travaux documentés ont été réalisés sur l’impact de la corruption dans le secteur forestier. Selon une enquête menée par Greenpeace Forest Monitor et le Centre pour l’environnement et le développement (Ced), 100 milliards Fcfa seraient perdus chaque
année à cause de l’exploitation forestière qui a pour socle la corruption.

En 2013, la Commission anti-corruption (Conac) qui s’est intéressée à l’étude du phénomène sur l’axe Beka-Lom-Kousseri, dans le grand Nord, a constaté que le racket des transporteurs des produits forestiers (bois) était un sport favori pour les agents publics, forces du maintien de l’ordre y compris. Dans l’ensemble, des observateurs dans la filière forêt se réjouissent de la nette amélioration du fléau avec des mesures prises par le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof).

Par Adrienne Engono Moussang

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