Le financement du changement climatique demeure une question épineuse, en particulier dans le cas de l’Afrique, qui contribue à moins de 4 % aux émissions mondiales. Environ 75 % de cette énergie provient de la déforestation. Le continent africain est extrêmement vulnérable aux changements climatiques, et il est essentiel d’obtenir un soutien financier suffisant pour gérer les processus d’adaptation et d’atténuation.
Aucun des 22 fonds mondiaux disponibles sur le climat, n’est géré par le continent africain. La COP 15, tenue à Copenhague a mis en place un accord politique non contraignant, visant à garantir la mise en place de ressources additionnelles d’environ 30 milliards de dollars d’ici 2012, ainsi qu’un complément de 100 milliards de dollars à lever d’ici 2020. Les dirigeants africains ont demandé la mise à disposition des 40 % de ce financement pour l’Afrique, et sa gestion par la Banque africaine de développement. «Il n’y aucun mal à garder l’argent de l’Afrique en Afrique», a expliqué M. Nyong.
« La BAD est la première institution de financement du développement en Afrique, et le climat est une question de développement », a-t-il indiqué, soulignant par ailleurs sa position quant au droit de l’Afrique d’abriter son financement. Cependant, note-t-il, les besoins dans ce financement sont énormes et l’emportent sur les ressources disponibles.
M. Nyong a également indiqué que « l’Afrique n’est pas bien favorisée du point de vue des mécanismes de financement existants ». Ceci s’explique par le fait que ses problèmes spécifiques, notamment, sa grande vulnérabilité aux changements climatiques, ainsi que son unique modèle d’émissions, en relation avec l’agriculture et l’exploitation des terres, n’ont jamais été comptabilisés dans la conception des fonds mondiaux. Aussi, a-t-il lancé un appel pour un meilleur mécanisme de financement, tel que le Fonds pour Afrique verte, annoncé lors des assises du FAD-7.
L’impact du changement climatique va inéluctablement compromettre l’atteinte des OMD par l’Afrique, quand ont sait que ce continent dispose de la plus grande proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, ainsi que du plus grand fossé en termes de réduction de la pauvreté entre 2005 et 2015.
«Nous avons besoin annuellement de dizaines de milliards de dollars», estime Nyong. Dans moins de cinq ans, à compter de maintenant, c’est-à-dire en 2015, il faudra entre 22 et 31 milliards par an, pour assurer une adaptation au changement climatique et les mesures d’atténuation. On estime à environ 52 à 68 milliards de dollars par an, ces besoins dans les 15 années à venir.
Par ailleurs, l’atténuation des risques climatiques augmentera à 40% le coût de l’atteinte des OMD. D’où la nécessité d’une assistance financière internationale de 100 milliards de dollars par an au titre de la prochaine décennie, selon M. Nyong. «L’Afrique gagnerait à s’y adapter dès maintenant », a-t-il souligné. A ce jour, le marché de carbone n’a pas apporté une manne significative à l’Afrique. Des centaines de projets, sont financés au Mexique, au Brésil, en Inde et en Chine, au titre des Mécanismes de développement propre (MDP). Il n’y a qu’une poignée de projets MDP financés en Afrique du Sud, et dans quelques autres pays du continent. «L’Afrique ne tire pas grand profit du MDP, étant donné que les émissions dues à l’exploitation agricole, ainsi que l’utilisation des terres n’y sont pas prises en compte, alors que ceux-ci sont des éléments importants de l’économie africaine», a souligné M. Nyong.
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